lunes, 21 de diciembre de 2015

Michel Foucault - L'Herméneutique du sujet (1981-1982) - Cours au Collège de France








Et cela explique l'effet qu'on attend de la lecture : non pas d'avoir compris ce que voulait dire un auteur, mais la constitution pour soi d'un équipement de propositions vraies, qui soit effectivement à soi. Rien donc qui soit de l'ordre de l'éclectisme, si vous voulez. Il ne s'agit pas de se constituer une marqueterie de propositions d'origines différentes, mais de constituer une trame solide de propositions qui vaillent prescriptions, de discours vrais qui soient en même temps principes de comportement. Vous comprenez d'ailleurs facilement que, si la lecture est conçue ainsi comme exercice, expérience, s'il n'y a de lecture que pour méditer, cette lecture soit immédiatement liée à l'écriture. Alors là, c'est un phénomène de culture et de société qui est important à coup sûr à l'époque dont je vous parle : la place très grande qu' prend l'écriture, l'écriture en quelque sorte personnelle et individuelle. Il est difficile sans doute de dater précisément l'origine du processus, mais quand on le prend à l'époque dont je parle, c'est-à-dire au Ier - IIeme siècle, on s'aperçoit que l'écriture est déjà devenue, et ne cesse de s'affirmer toujours davantage comme un élément de l'exercice de soi. La lecture se prolonge, se renforce, se réactive par l'écriture, écriture qui est elle aussi un exercice, elle aussi un élément de méditation. Sénèque disait qu'il fallait alterner écriture et lecture.






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