sábado, 16 de abril de 2016

Lettre de Camille Claudel à sa cousine

Juillet 1915 ?




Ma chère cousine,
Malgré les différentes aventures qui nous ont séparées je n’oublie pas que c’est jeudi prochain Sainte Marie-Madeleine et je veux vous souhaiter votre fête comme si j’étais encore auprès de vous.
Malheureusement ce n’est pas avec une fleur à la main que je viens vous offrir mes souhaits, c’est avec des larmes dans les yeux. Les larmes de l’exil, les larmes que j’ai versées goutte à goutte depuis que j’ai été arrachée à mon cher atelier. Vous qui connaissez mon attachement à mon art vous devez savoir ce que j’ai dû souffrir d’être tout à coup séparée de mon cher travail vous qui me connaissez si bien malgré mes étourderies et mes inconséquences !!
Ma pauvre cousine !
Le chêne de Villeneuve n’existe plus, je ne suis pas la seule à m’en apercevoir, aussi je ne voudrais pas vous attrister davantage en vous faisant le récit de l’injustice dont j’ai été la victime !
J’ose à peine vous demander de vos nouvelles ! c’est en tremblant que je me demande en moi-même si vous êtes toujours vivante, si vous n’avez pas disparu dans cette horrible guerre qui dévaste notre beau pays. Si vous voulez m’écrire un mot vous me ferez grand plaisir. Par un singulier effet du sort je me trouve actuellement en pension à Montdevergues par Montfavet (Vaucluse), dans un établissement tenu par les religieuses de Saint-Charles.
Vous qui êtes une intrépide voyageuse, si par hasard vous passez un jour par ici, n’oubliez pas votre petite cousine sculpteuse [sic] (celle qui perdait toujours son parapluie).
Je prie le bon Dieu pour vous et pour Mlles vos sœurs.
[…]
Camille Claudel

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