viernes, 15 de julio de 2016

Lettre de Tchekhov à Grigorovitch



28 mars 1886





Votre lettre m’a fait l’effet d’un coup de tonnerre. (…) Mes proches parlent avec dédain de mes gribouillages qui ne devraient pas me faire abandonner mon véritable métier. J’ai à Moscou des centaines d’amis, dont plusieurs dizaines d’écrivains, mais autant que je m’en souvienne, jamais aucun ne m’a considéré comme un artiste. Il y a ici des ainsi nommés « cercles littéraires » qui réunissent des gens de talent et beaucoup de médiocres. Si je leur lisais quelques lignes de votre lettre, ils me riraient au nez. Depuis cinq ans que je cours les rédactions, l’attitude des autres m’a incité à regarder mes textes avec beaucoup de dédain. (…) Pardonnez-moi cette comparaison, mais votre lettre a eu sur moi le même effet qu’un ordre du gouvernement de « quitter la ville dans les vingt-quatre heures ». Je veux dire que j’ai ressenti aussitôt le besoin absolu de quitter un chemin où je m’enlise.





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