martes, 8 de marzo de 2016

Lettres de George Sand à Adolphe Guéroult

4 mars 1831



Mon sexe, avec lequel je m’arrange fort bien sous plus d’un rapport, me dispense de faire grand effort pour m’amender. Je serais le plus beau génie du monde que je ne remuerais pas une paille dans l’univers, et, sauf quelques bouffées d’ardeur virile et guerrière, je retombe facilement dans une existence toute poétique, toute en dehors des doctrines et des systèmes.
Si j’étais garçon, je ferais volontiers le coup d’épée par-ci par-là, et des lettres le reste du temps. N’étant pas garçon, je me passerai de l’épée et garderai la plume, dont je me servirai. L’habit que je mettrai pour m’asseoir à mon bureau importe fort peu à l’affaire, et mes amis me respecteront, j’espère, tout aussi bien sous ma veste que sous ma robe.
Je ne sors pas, ainsi vêtue, sans une canne ; ainsi soyez en paix. Il n’y aura pas de grande révolution dans ma vie pour cette fantaisie de porter une redingote de bousingot quelques jours, en passant, dans des circonstances données.
Soyez rassuré, je n’ambitionne pas la dignité de l’homme. Elle me paraît trop risible pour être préférée de beaucoup à la servilité de la femme. Mais je prétends posséder, aujourd’hui et à jamais, la superbe et entière indépendance dont vous seuls croyez avoir le droit de jouir. Je ne la conseillerai pas à tout le monde ; mais je ne souffrirai pas qu’un amour quelconque y apporte, pour mon compte, la moindre entrave.



lunes, 7 de marzo de 2016

Fray Luis de León (1527-1591) Vida retirada

¡Qué descansada vida la del que huye el mundanal ruïdo y sigue la escondida senda por donde han ido los pocos sabios que en el mundo han sido! 5 Que no le enturbia el pecho de los soberbios grandes el estado, ni del dorado techo se admira, fabricado del sabio moro, en jaspes sustentado. 10 No cura si la fama canta con voz su nombre pregonera, ni cura si encarama la lengua lisonjera lo que condena la verdad sincera. 15 ¿Qué presta a mi contento si soy del vano dedo señalado, si en busca de este viento ando desalentado con ansias vivas y mortal cuidado? 20 ¡Oh campo, oh monte, oh río! ¡Oh secreto seguro deleitoso! roto casi el navío, a vuestro almo reposo huyo de aqueste mar tempestuoso. 25 Un no rompido sueño, un día puro, alegre, libre quiero; no quiero ver el ceño vanamente severo de quien la sangre ensalza o el dinero. 30 Despiértenme las aves con su cantar süave no aprendido, no los cuidados graves de que es siempre seguido quien al ajeno abritrio está atenido. 35 Vivir quiero conmigo, gozar quiero del bien que debo al cielo a solas, sin testigo, libre de amor, de celo, de odio, de esperanzas, de recelo. 40 Del monte en la ladera por mi mano plantado tengo un huerto, que con la primavera de bella flor cubierto, ya muestra en esperanza el fruto cierto. 45 Y como codiciosa de ver y acrecentar su hermosura, desde la cumbre airosa una fontana pura hasta llegar corriendo se apresura. 50 Y luego sosegada el paso entre los árboles torciendo, el suelo de pasada de verdura vistiendo, y con diversas flores va esparciendo. 55 El aire el huerto orea, y ofrece mil olores al sentido, los árboles menea con un manso ruïdo, que del oro y del cetro pone olvido. 60 Ténganse su tesoro los que de un flaco leño se confían: no es mío ver al lloro de los que desconfían cuando el cierzo y el ábrego porfían. 65 La combatida antena cruje, y en ciega noche el claro día se torna; al cielo suena confusa vocería, y la mar enriquecen a porfía. 70 A mí una pobrecilla mesa, de amable paz bien abastada me baste, y la vajilla de fino oro labrada, sea de quien la mar no teme airada. 75 Y mientras miserable- mente se están los otros abrasando en sed insacïable del no durable mando, tendido yo a la sombra esté cantando. 80 A la sombra tendido de yedra y lauro eterno coronado, puesto el atento oído al son dulce, acordado, del plectro sabiamente meneado. 85

domingo, 6 de marzo de 2016

Lettre d’Arthur Rimbaud à Georges Izambard

2 novembre 1870





Monsieur,
— À vous seul ceci. —
Je suis rentré à Charleville un jour après vous avoir quitté. Ma mère m’a reçu, et je — suis là… tout à fait oisif. Ma mère ne me mettrait en pension qu’en Janvier 71.
Eh bien ! j’ai tenu ma promesse.
Je meurs, je me décompose dans la platitude, dans la mauvaiseté, dans la grisaille. Que voulez-vous, je m’entête affreusement à adorer la liberté libre, et… un tas de choses que « ça fait pitié », n’est-ce pas ? — Je devais repartir aujourd’hui même ; je le pouvais : j’étais vêtu de neuf, j’aurais vendu ma montre, et vive la liberté ! — Donc je suis resté ! je suis resté ! — et je voudrai repartir encore bien des fois. — Allons, chapeau, capote, les deux poings dans les poches, et sortons ! — Mais je resterai, je resterai. Je n’ai pas promis cela. Mais je le ferai pour mériter votre affection : vous me l’avez dit. Je la mériterai.
La reconnaissance que je vous ai, je ne saurais pas vous l’exprimer aujourd’hui plus que l’autre jour. Je vous la prouverai. Il s’agirait de faire quelque chose pour vous, que je mourrais pour le faire, — je vous en donne ma parole. — J’ai encore un tas de choses à dire…
Ce « sans-cœur » de A. Rimbaud.
Guerre : — Pas de siège de Mézières. Pour quand ? On n’en parle pas. — J’ai fait votre commission à M. Deverrière, et, s’il faut faire plus, je ferai. — Par ci par là, des franc-tirades. — Abominable prurigo d’idiotisme, tel est l’esprit de la population. On en entend de belles, allez. C’est dissolvant.