sábado, 9 de julio de 2016

Lettre d’Arthur Rimbaud à Paul Demeny






28 août 1871
Monsieur,
Vous me faites recommencer ma prière : soit. Voici la complainte complète. Je cherche des paroles calmes : mais ma science de l’art n’est pas bien profonde. Enfin, voici. Situation du prévenu : J’ai quitté depuis plus d’un an la vie ordinaire pour ce que vous savez. Enfermé sans cesse dans cette inqualifiable contrée ardennaise, ne fréquentant pas un homme, recueilli dans un travail infâme, inepte, obstiné, mystérieux, ne répondant que par le silence aux questions, aux apostrophes grossières et méchantes, me montrant digne dans ma position extra-légale, j’ai fini par provoquer d’atroces résolutions d’une mère aussi inflexible que soixante-treize administrations à casquettes de plomb. Elle a voulu m’imposer le travail, perpétuel, à Charleville (Ardennes) ! Une place pour tel jour, disait-elle, ou la porte. Je refusai cette vie ; sans donner mes raisons : c’eût été pitoyable.
Jusqu’aujourd’hui, j’ai pu tourner ces échéances. Elle, en est venue à ceci : souhaiter sans cesse mon départ inconsidéré, ma fuite ! Indigent, inexpérimenté, je finirais par entrer aux établissements de correction. Et, dès ce moment, silence sur moi ! Voilà le mouchoir de dégoût qu’on m’a enfoncé dans la bouche. C’est bien simple. Je ne demande rien, je demande un renseignement. Je veux travailler libre : mais à Paris que j’aime. Tenez : je suis un piéton, rien de plus ; j’arrive dans la ville immense sans aucune ressource matérielle : mais vous m’avez dit : Celui qui désire être ouvrier à quinze sous par jour s’adresse là, fait cela, vit comme cela. Je m’adresse là, je fais cela, je vis comme cela. Je vous ai prié d’indiquer des occupations peu absorbantes, parce que la pensée réclame de larges tranches de temps. Absolvant le poëte, ces balançoires matérielles se font aimer. Je suis à Paris : il me faut une économie positive ! Vous ne trouvez pas cela sincère ? Moi, ça me semble si étrange, qu’il me faille vous protester de mon sérieux ! J’avais eu l’idée ci-dessus : la seule qui me parût raisonnable : je vous la rends sous d’autres termes. J’ai bonne volonté, je fais ce que je puis, je parle aussi compréhensiblement qu’un malheureux ! Pourquoi tancer l’enfant qui, non doué de principes zoologiques, désirerait un oiseau à cinq ailes ? On le ferait croire aux oiseaux à six queues, ou à trois becs ! On lui prêterait un Buffon des familles : ça le déleurrerait.
Donc, ignorant de quoi vous pourriez m’écrire, je coupe les explications et continue à me fier à vos expériences, à votre obligeance que j’ai bien bénie, en recevant votre lettre, et je vous engage un peu à partir de mes idées, s’il vous plaît.
Recevriez-vous sans trop d’ennui des échantillons de mon travail ?
A. Rimbaud.





viernes, 8 de julio de 2016

LECTURAS PARA VERANO: “RAYUELA” DE JULIO CORTÁZAR_Luis Antonio de Villena




Para muchos el argentino largo tiempo afincado en París, Julio Cortázar (1914-1984) fue ante todo un cuentista genial, muy distinto a Borges pero de otra manera muy cercano. Su cuento “Casa tomada”, aunque pertenece a su primer libro de relatos, “Bestiario” (1950) no falta en ninguna antología.Cortazar
Como muchos autores del llamado “boom” de la novela hispanoamericana, que ocurre sobre todo en los años 60 del pasado siglo, su logro es colocar la narrativa en español, por el cuidado novedoso de su técnica y la calidad de su prosa, en primera fila de la literatura mundial y puede decirse que se  logró. Por eso y pese a su fama enorme como cuentista, para muchos (las otras novelas de Cortázar, tal “El libro de Manuel” son menos valoradas) la obra cumbre o al menos emblemática de Julio y de ese “boom” es la novela “Rayuela” –un clásico contemporáneo- publicada en Buenos Aires en 1963.  En su momento –y ahora- “Rayuela” es un portento de modernidad meditativa.  Como es sabido el título alude a un viejo juego infantil, donde se saltan casillas de un número a otro de manera no regular. Ese fue el gran experimento y logro cortazariano, pues la novela frases-de-julio-cortazar-3admite dos distintas lecturas, muy diferentes. Si se escoge el modo tradicional –o sea leer la novela desde su inicio adelante- se empieza en el capítulo 1 y se llega hasta el 56. Ahí se abandona. Resulta una novela tradicional, seductora, que cuenta los vagabundeos parisinos de un argentino trasterrado, Horacio Oliveira.  Pero si seguimos el “tablero de dirección” que el autor propone, hemos de empezar la lectura en el capítulo 73 y a partir de ahí seguir los diferentes saltos señalados como en el juego infantil. La novela siendo la misma es muy otra. Aparecen muchos más personajes y sobre todo las errancias citadinas de Oliveira se cargan de un alto contenido meditador, con mucho existencialismo y buenas cargas de profundidad. No es otra novela y a la par, es indiscutiblemente “otra”. Escrita en un lenguaje a ratos refinado y otros coloquial –con argentinismos-  “Rayuela” se convirtió julio-cortazarmuy pronto no sólo  en la novela “moderna” de nuestra lengua sino casi en un vademécum juvenil. Si el gran icono de la novelística del “boom” sería “Cien años de soledad” (1967) del colombiano Gabriel García Márquez, el otro será siempre “Rayuela”, pues son polos opuestos que se complementan. “Cien años de soledad”, llena asimismo de novedades y calidades, es la novela de la América profunda que nos muestra el “realismo mágico”. Desde otra esquina, “Rayuela” es la novela ciudadana de un desterrado, llena de cotidianeidad urbana y un agudo pensar sobre el tiempo y la condición del hombre.  Formas distintas de novelar la realidad, ambas son novelas imprescindibles hoy para conocer y comprobar gozando que el “boom” estuvo muy lejos de ser un invento publicitario, sino que respondió a altas calidades y a rayuelauna modernización absoluta de la narrativa en nuestra lengua, con el consiguiente éxito internacional. Otra cosa: “Rayuela” es una novela genial cuando se salta y juega y sólo una buena novela –no es poco- si se sigue la lectura inicial. No se la pierdan.

Lettre de Violette Leduc à Simone de Beauvoir

25 novembre 1949





Je vous l’ai dit toute la matinée dans ma chambre et je vous le redis : « Chère Simone de Beauvoir, faites que j’aie un peu de bonheur avant d’être tout à fait vieille. »
Je sais bien qu’il y a les belles jeunes filles paralysées dans les hôpitaux, qui n’ont pas vécu, qui ne vivront pas. Mais je ne peux rien pour elles. Chacun doit mourir ou guérir seul de ses malheurs. Je ne meurs pas, je ne guéris pas. Je ne pense qu’à moi, je ne m’oublie pas.
Je vous aime mais en lisant le tome II du Deuxième Sexe, j’ai compris qu’un amour qui n’est pas physique n’est pas un amour réel et quand je vous désire c’est un égarement pire que celui de vous aimer platoniquement. C’est difficile, c’est dur de ne pas être aimée pendant quatorze ans et de ne pas pouvoir aimer librement. De quoi suis-je punie ? De trop penser à moi sans doute. Je suis bien punie. Dans cette lettre il ne sera question que de moi mais vous savez bien que de toute façon je ne peux pas vous parler de vous, vous questionner. Il y a un an j’étais désespérée à cause du manque d’argent. Vous m’en avez procuré, je vous vois tous les quinze jours et cela ne me suffit pas. Quand je suis avec vous et que vous me dites que je suis un écrivain, je le crois mais dès que je vous quitte, je ne le crois plus, je n’ai pas confiance en ce que j’écris. Je ne vois pas d’avenir. Quand je fais des commissions, le coût de la vie me déprime, je pense que je n’ai pas de métier et c’est dans les boutiques, à côté des vieilles femmes que j’ai le plus peur de ma vieillesse solitaire.
Vous voyez, je ne parle que de moi. Je le sais que c’est honteux : je n’ai pas d’enfant à élever, pas de charges. Il me semble que si je gagnais beaucoup d’argent, cela compenserait mes grandes privations d’affection. Je ne suis pas à la hauteur de la vie que je suis forcée de mener dans ma chambre. Je voudrais vivre comme les autres. Mais j’oublie toujours que c’est trop tard, que je suis une vieille femme disgracieuse. Si, je suis plus seule que Jean Genet qui, en dehors de la gloire, de son culot, a des êtres, sots peut-être, mais des êtres qu’il prend dans ses bras, à qui il dit bonjour le matin quand il s’éveille.
Je pense à Nathalie Sarraute, à Colette Audry. J’y pense sans jalousie. Elles ont tant de choses, tant de choses. Colette Audry a un métier, des élèves, des collègues, de l’intelligence, des parents, un amant peut-être, un enfant. Je radote, car tout cela je vous l’ai déjà écrit. Il vaut mieux les bagarres, les cris, les coups plutôt que ce silence de mort dans ma chambre. A mardi mais je sais que je vous lasserai et que je vous perdrai. Laissez-moi embrasser vos mains, laissez-moi me délivrez de ma tendresse.




martes, 5 de julio de 2016

Lettre de Jean Cocteau à sa mère



16 août 1907
Ma maman chérie
Ta lettre me rend joyeux, elle est gaie, j’étais triste je ne sais pas au juste pourquoi… et c’en est peut-être la raison.
Le citoyen Boulant avait perdu mon adresse, il recevait affolé sans pouvoir y répondre mes sévères réprimandes. Il prépare à Paris son oral.
Madame Dietz est encore immobilisée mais le rire ne quitte pas la maison, nous plaisantons comme des gosses et cela me réconforte. Quant à « tante Girard »… elle se couvre de bijoux et de voiles ! empeste les chemins d’un patchouli lascif !! tire les cartes !!!! et arrive à nous révolter par la façon dont elle se tient ou plutôt dont elle ne se tient pas !!!!!!!!!!!!!!!
Mon caractère évolue, il me semble constater des résultats, et je repousse la fierté qui s’en dégage parce que c’est encore un terrible défaut.
Puisque tu me touches un mot au sujet de mon avenir… sache que je suis à ce sujet mille fois moins léger qu’on ne pourrait le croire. Récemment encore j’hésitais sur la voie à suivre mais l’avis péremptoire d’un talent et d’un génie m’a poussé définitivement vers l’idéal que je me forge.
Ne crains rien il y a sous mon apparente frivolité quelque chose de grand et de profond, que j’ai eu la volonté de masquer parce que… comme le dit Bataille, « Dans le monde il faut faire l’idiot pour ne pas avoir l’air d’un imbécile ». J’entends les flatteurs ; je ne les écoute pas… et je possède juste assez de raison pour savoir mieux que personne la valeur de ce que je fais.
Tu es ma meilleure amie… mon meilleur ami et il faut remercier le hasard d’avoir ainsi voulu les choses, car je sais bien des mères trop dures pour leurs fils… et qui pour cela n’ont plus leur confiance.
Si je me révolte quelquefois contre le devoir, c’est la jeunesse qui pointe ! Car la vie procure bien assez de douleurs par elle-même… pour ne pas y chercher ce qu’elle a de consolant.
À réfléchir je deviens meilleur… Il y a peu de temps… j’étais encore torturé de la platitude dogmatique dont la terre est pourrie… maintenant j’en souris… et la phrase charmante me revient… que m’écrivit madame Raoul-Duval : « La compréhension est chose si rare qu’on ne saurait la vouloir chez tous… car c’est presque de l’amour. »
Vois-tu, maman, le bonheur consiste en ceci : « Prendre à la minute tout le suc qu’elle contient », c’est pourquoi j’ai malgré de profondes tristesses des compensations merveilleuses.
« Zut pour les autres », j’entends par « autres » le clan indifférent ou hostile, et vivent les êtres aimés et la vie intérieure !
Après cela un baiser avec tout mon cœur.
Ton vieux
Jean

lunes, 4 de julio de 2016

Por un saber discreto ENRIQUE VILA-MATAS


Cuando murió Henry James, Ezra Pound dijo que había muerto el que sabía qué era la literatura. Exactamente dijo: “Había alguien en Londres que era la literatura para nosotros, estaba ahí, en algún lugar de la ciudad, y tenía todas las respuestas”.
Ricardo Piglia se pregunta en La forma inicial (Sexto Piso) a qué clase de saber se refería Pound y sugiere que podría ser un saber de la técnica, quizás un saber del estilo. Y cita esta frase de Pound: “La técnica es la prueba de la sinceridad del artista”. En cierto sentido, Pound está ahí hablando de un saber discreto, nunca dicho del todo, ligado a la perspectiva, al detalle, ligado a un modo de leer lo que escriben los demás sabiendo que se puede modificar.Ese saber discreto tendrían que intentar enseñarlo en las escuelas de letras, pues éstas tienen capacidad potencial para enseñarnos tanto a leer como a modificar: no hay un solo texto redondo y, además, las relaciones humanas en realidad no se detienen en ningún lugar definitivo y por tanto no hay relatos que no puedan tener una vuelta de tuerca detrás de otra.
El placer de leer se asemeja al de modificar con discreción, sea nuestro o ajeno, lo que leemos. Me acuerdo de un compañero de curso que en el colegio fundó una revista literaria; pidió colaboraciones a los diez componentes de la exigua sección de letras y, cuando reunió los textos, los pasó él mismo a ciclostil, corrigiendo lo que no le gustaba de cada uno de los escritos recibidos. Cuando vimos la revista, todos protestamos furiosos al ver que nos había cambiado metáforas y hasta brillantes parrafadas. Su estupor ante las protestas no he podido olvidarlo; era evidente que le parecía legal lo que había hecho. Hoy le entiendo mejor, porque sé que nunca se propuso ser escritor, ni lo fue; lo que le atraía era inventar un modo de leer lo que escribían los otros, de leerlo y luego reescribirlo: un modo extraño de crear un estilo propio.
Ese compañero de curso parece tener un punto en común con José Bianco, revisor implacable de las colaboraciones que llegaban a la redacción de la mítica revista Sur, la publicación mensual de Victoria Ocampo y Borges. Como redactor jefe rechazaba escritos y otros los corregía, fiel a una práctica que tendía a ver los textos como si nunca estuvieran terminados y por tanto pudieran ser alterados.
Esta clase de lector, viene a decirnos el imprescindible Piglia, es el que lee los escritos ajenos como si fueran propios y pudieran siempre ser mejorados; no es un crítico en el sentido estricto, más bien il miglior fabbro (así llamó Eliot a Pound), es decir, el mejor forjador del hablar materno; “il miglior fabbro del parlar materno”, dice Dante en Purgatorio. Ese mejor hacedor es un experto conocedor de los artificios del arte. Todas nuestras escuelas de letras deberían crear, de vez en cuando, algún lector modesto y exquisito de ese tipo: alguien cómodo en la sombra, con una sabiduría discreta a lo Bianco, o a lo James; alguien a quien pudiéramos recurrir, porque tendría todas las respuestas.

Lettre d’Ernest Hemingway à son père

14 septembre 1927
Cher Papa,
[…] Tu ne peux pas savoir à quel point ça m’attriste de vous avoir fait, à toi et à ma mère, tellement honte et causé un tel chagrin — mais même si c’était ce que j’aurais dû faire je ne pouvais pas vous parler de tout ce qui n’allait plus entre Hadley et moi. Une lettre met deux semaines à traverser l’Atlantique et j’ai essayé de ne faire partager à personne l’enfer que j’ai vécu.
J’aime Hadley et j’aime Bumby — Hadley et moi nous séparons — Je ne l’ai pas plaquée et je n’ai commis l’adultère avec personne. J’ai habité l’appartement avec Bumby — je m’occupais de lui pendant qu’Hadley était en voyage et ‘est quand elle est rentrée de ce voyage qu’elle a décidé qu’elle voulait divorcer. Nous avons tout arrangé et il n’y a eu ni scandale ni opprobre. Il y avait longtemps que ça n’allait plus entre nous. C’est entièrement ma faute et ça ne regarde personne. Je n’ai que de l’affection, de l’admiration et du respect pour Hadley et bien que nous ayons rompu, je n’ai nullement perdu Bumby. Il était en Suisse avec moi après le divorce et va revenir en novembre pour passer l’hiver en montagne avec moi.
Tu as pas mal de chance de n’avoir été amoureux que d’une seule femme dans ta vie. Pendant plus d’un an j’ai été amoureux de deux personnes à la fois et j’ai été absolument fidèle à Hadley. Quand Hadley a décidé qu’il valait mieux que nous divorcions, la jeune femme dont j’étais amoureux était en Amérique. Depuis près de deux mois, j’étais sans nouvelles d’elle. Dans sa dernière lettre, elle avait dit que nous ne devions pas penser à nous mais à Hadley. Tu parles de « pirates d’amour », de « briseurs de ménages », etc., et tu connais mon caractère coléreux, mais je sais qu’il est facile de condamner les gens sans appel. C’est parce que je ne veux pas que des idées de honte et de déshonneur te fassent souffrir que je t’écris maintenant tout ceci.
Ca fait longtemps que nous ne nous sommes pas beaucoup vus et, pendant ce temps, nos vies ont continué ; il y a eu une année de tragédie dans la mienne et je sais que tu pourras comprendre à quel point il m’est difficile, presque impossible, de te parler de tout ça. Après notre divorce, si Hadley l’avait voulu, je serais revenu à elle. Elle a dit que les choses étaient mieux comme elles étaient et que nous étions l’un et l’autre mieux comme ça. Je ne cesserai jamais d’aimer Hadley et Bumby, pas plus que je ne cesserai de veiller sur eux. Je ne cesserai jamais d’aimer Pauline Pfeiffer, avec qui je suis marié. J’ai maintenant des responsabilités envers trois personnes au lieu d’une seule. Comprends ça, je te prie, et sache que ça ne me rend pas plus facile de t’en parler. Je sais bien combien il est pénible pour toi d’avoir à donner des explications et à répondre à des questions sans avoir de nouvelles de moi. Je suis un piètre correspondant et il m’est presque impossible de parler de mes affaires personnelles. Sans que je l’aie bien cherché — grâce au succès de mes livres — dont j’ai abandonné à Hadley tous les profits — à la fois en Amérique, en Angleterre, en Allemagne et dans les pays scandinaves — à cause de tout ça, on fait courir beaucoup de rumeurs. Je n’y accorde aucune attention et il faut que tu fasses de même.
On m’a rapporté que les gens ont raconté sur moi des histoires de tout genre, aussi fantaisistes que scandaleuses — toutes sans fondement. Ce genre d’histoires naît à propos de tous les écrivains, joueurs de base-ball, prédicateurs en vue, ou de n’importe quels artistes. Mais c’est parce que j’ai voulu garder pour moi ma vie privée ­— ne donner d’explications à personne et ne pas jouer les célébrités que, sans le vouloir, je suis devenu pour toi une cause de grande angoisse. La seule manière de pouvoir garder pour moi ma vie privée, c’était de la garder pour moi — et je vous devais vraiment à toi et à Mère une explication à ce sujet. Mais je ne peux pas passer mon temps à parler de ça.
Je sais que tu n’aimes pas ce que j’écris, mais c’est que nous avons des goûts différents et tous les critiques ne sont pas Fanny Butcher. Je sais que je ne te fais pas honte par ce que j’écris, mais que je fais plutôt quelque chose dont un jour ou l’autre tu seras fier. Je ne peux pas le faire tout de suite. J’ai le sentiment que, finalement, ma vie ne sera pas non plus une cause de honte. Pour ça aussi, il faut du temps. Tu serais tellement plus heureux et je le serais, moi aussi, si tu pouvais avoir confiance en moi. Quand les gens te questionnent à mon sujet dis-leur qu’Ernie ne nous dit jamais rien de sa vie privée, ni même où il est mais qu’il écrit seulement qu’il travaille dur. Ne te sens pas responsable de ce que j’écris ou de ce que je fais. N’en prends pas la responsabilité, je commets les erreurs et j’encaisse ma punition. Tu pourrais si tu le voulais, être parfois fier de moi — non pour ce que je fais, car je n’ai jamais très bien réussi à bien faire — mais pour mon travail. Mon travail est beaucoup plus important pour moi que n’importe quoi au monde, excepté le bonheur de trois personnes et tu ne peux pas savoir combien ça me peine que Mère ait honte de ce dont (je le sais aussi sûrement que tu sais qu’il y a un Dieu dans le monde) il n’y a pas à avoir honte.
Cette lettre m’a l’air interminable, mieux vaudrait donc que je m’arrête. […] Je suis rudement heureux que vous ayez aimé Bumby. Il m’est très cher et j’espère, malgré mes défauts et mes erreurs, être toujours pour lui un père toujours meilleur et plus sage et l’aider à éviter des tas de choses. De toute manière c’est un gosse très bien et j’espère que dans huit ans nous pourrons aller à la pêche tous les trois et tu verras que nous ne sommes pas des personnages si tragiques. Leicester m’a l’air d’un gosse très bien.
[…] Je t’aime beaucoup et aime aussi Mère et je suis désolé que cette lettre soit aussi longue — elle n’explique probablement rien, mais tu es la seule personne à qui j’aie écrit six pages depuis que j’ai appris à utiliser une plume et de l’encre. […]
Je voudrais que tu fasses lire cette lettre à Mère. Elle m’a écrit une lettre très bien au printemps dernier et je le crains, je n’y ai jamais répondu. La raison pour laquelle je ne vous ai fait de confidences ni à l’un ni à l’autre, c’est que j’étais si fâché que Mère m’accuse de flatter bassement les goûts les plus vils, etc., dans ce que j’écris, que je me suis caché comme un bernard l’ermite. Je savais que si nous ne pouvions pas voir du même œil ce que j’écris qui, je le savais, n’était pas de la basse flatterie, à quoi bon parler de ma vie, qui devait paraître bien pire vue de l’extérieur. Quoi qu’il en soit, j’espère que vous trouverez tout ce que vous désirez savoir dans cette lettre — et j’écrirai plus souvent si nous pouvons laisser de côté la critique littéraire et les remarques désobligeantes.
Affectueusement à vous,
Ernie

domingo, 3 de julio de 2016

Michel Houellebecq: “Hay que interrumpir el confort con sobresaltos” Álex Vicente

Michel Houellebecq


JEROME BONNET
El escritor se reinventa como artista contemporáneo. Tras el revuelo que armó con ‘Sumisión’, la novela donde pronosticaba el dominio musulmán de Europa, ahora desembarca en el Palais de Tokyo de París con fotografías que retratan sus obsesiones: desde el vacío existencial hasta el apocalipsis.
ACTUALIZADOVIERNES 01 DE JULIO DE 201615:53

TRAS SEMBRAR el pánico en el mundo de la literatura, Michel Houellebecq se dispone a hacerlo en el del arte. Superado uno de los años más complicados de su vida –el que acompañó la publicación deSumisión, su sexta novela, en la que profetiza la islamización de Francia y que le ha valido amenazas de muerte–, el escritor se reinventa como fotógrafo. Houellebecq acaba de inaugurar una exposición en el Palais de Tokyo, museo parisiense especializado en el más novedoso arte contemporáneo, que permanecerá abierta hasta el final del verano. Sus imágenes retratan paisajes decadentes y desangelados, repletos de edificios brutalistas en los que un día se practicó el turismo de masas, parecidos a los que uno logra visualizar cuando lee sus novelas. Houellebecq también ha protagonizado una performance en la bienal Manifesta, en Zúrich, donde se ha sometido a un estricto control médico del que ahora expone el resultado: análisis de sangre y radiografías, resonancias magnéticas y animaciones del latido de su corazón, reproducciones de su cráneo y de su mano derecha. “Todo el mundo sabe que no lleva una vida muy sana. Y, sin embargo, tiene buena salud”, explicó Henry Perschak, el médico suizo que condujo los análisis.
Si el escritor, premio Goncourt, es un icono de nuestro tiempo, es comprensible que el más nimio de sus gestos sea percibido como una auténtica obra de arte, casi como si fuera un Dalí o un Warhol. Envuelto en su sempiterna parka, sin escolta a la vista y con la dentadura postiza bien colocada, Houellebecq se presenta en un restaurante pegado al Sena en una de las tardes que precedieron a su histórica crecida y desbordamiento, tal vez los primeros síntomas de ese apocalipsis que no deja de pronosticar. El autor de Las partículas elementales pide al camarero una botella de vino blanco, una tabla de quesos y un cenicero, del que se servirá para encadenar innumerables silk cuts, que se fumará sujetándolos entre el anular y el corazón. A sus 60 años, Houellebecq parece la sombra de sí mismo. “Ya no tengo interior / Ni pasión, ni calor; / Pronto me reduciré / A mi estricto volumen”, jura en uno de los poemas de su última antología, Configuración de la última orilla, que acaba de publicar Anagrama. El primer sentimiento que despierta es, inexplicablemente, la compasión. Su voz resulta titubeante. Su sonrisa, tímida e infantil. Lo que seguirá será una conversación llena de silencios, cubiertos por el sonido algo angustiante de un ruidoso ventilador. En ella desgranará escrupulosamente, sin perseguir la polémica ni el escándalo, cómo piensa y trabaja, cómo percibe el mundo y cómo traduce esa visión en su obra. La primera imagen de su exposición contiene esta leyenda: “Hagan sus apuestas”. La última de ellas dice: “No tiene usted ninguna posibilidad”.
Combina sus imágenes con versos extraídos de sus poemas. ¿Fotografía y poesía son dos artes que se parecen? En todo caso, se parecen más entre sí que a una novela, que suele servir para expresar cosas distintas. En mis novelas hablo de personajes, mientras que en mis poemas y fotografías los seres humanos brillan por su ausencia. Para mí, una novela se puede debatir o incluso contradecir. En cambio, no existe contradicción posible a un poema.
¿Por qué retrata esos paisajes desiertos? Porque la ciudad no me interesa demasiado. Me gustan más las zonas periurbanas y los paisajes naturales. Seguramente existe una razón biográfica. Crecí en el campo y pasé mi adolescencia en la banlieue, así que llegué relativamente tarde a París, que es un lugar que me ha marcado menos.
Michel Houellebecq
 JEROME BONNET
El panorama que desprenden sus imágenes es anodino y decadente. ¿Así es como ve la Francia de hoy? En esos lugares vive la mayor parte de la población. Solo los ricos viven en los centros urbanos. La gran mayoría reside en esas zonas algo indefinidas, en las que podemos encontrar un retrato del francés de hoy. Para esa parte de la población, la vida se ha vuelto muy dura. Claro, todo el mundo preferiría vivir en el Marais parisiense o en cualquier rincón idílico, pero no es posible. El paro ha aumentado y los precios son tan altos que se ven obligados a marcharse lejos de la ciudad. Es gente que tiene la sensación de vivir como si les espantaran.
¿Se identifica con ellos? Sí. No voy a fingir ser pobre, porque tengo condiciones de vida más favorables que las suyas, pero sí sé cómo es su existencia, porque crecí en lugares parecidos. A mí me ha ido bien en la vida, pero proceder de un lugar así no es nada divertido. Sería indecente que me quejara, porque he tenido un éxito enorme, pero eso no me impide ver lo dura que se ha vuelto la vida desde mi adolescencia. Pero estoy convencido de que, incluso si vivimos en un universo feo, siempre podemos extraer algo bello.
“LOS ESPAÑOLES NO SE QUIEREN A SÍ MISMOS. LOS FRANCESES ADORAN CRITICARSE, PERO NO SOPORTAN QUE LO HAGAN LOS DEMÁS”
Muchas de sus imágenes están tomadas en España. ¿Qué le interesaba capturar? Nunca he vivido allí, pero tengo una casa desde hace 15 años [en la costa de Almería]. En España, la gente es menos depresiva que en Francia, y eso que tienen más razones para serlo. Otra diferencia es que los españoles no se quieren a sí mismos. Los franceses adoran criticarse, pero no soportan que lo hagan los demás. Los españoles, en cambio, lo aceptan sin problemas. También es un país con más problemas de identidad. Existen fuerzas centrífugas que no hay en mi país. Por ejemplo, en mi opinión, Cataluña acabará siendo independiente.
¿Qué le hace decir eso? No lo sé, es solo una impresión. Lo que veo es que se sienten más aptos y más competentes para gestionar sus intereses. Me parece más bien negativo… Pero, al margen de eso, España me gusta. En especial, visualmente. En Almería hay una cantidad de polvo increíble, que lo recubre todo. Si lavas tu coche por la tarde, a la mañana siguiente tendrás que hacerlo otra vez. A nivel visual, ese polvo me parece muy impresionante.
Sus imágenes parecen describir un mundo posapocalíptico. ¿Lo que dice es que nos dirigimos inevitablemente hacia la hecatombe? Es una posibilidad. Cuando visito un lugar nuevo, me pregunto si logrará sobrevivir a la desaparición de la humanidad. Por ejemplo, si se produjera una epidemia viral, provocaría un apocalipsis suave. Los edificios seguirían donde están, porque no sería como en una guerra atómica, pero se iría produciendo una erosión. Eso es lo que describen mis imágenes.
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Imágenes que forman parte de la muestra que Houellebecq expone este verano en el Palais de Tokyo de París.
El apocalipsis aparece en libros suyos como La posibilidad de una isla, en El mapa y el territorio y, en cierta manera, en Sumisión, donde describe la desaparición de la cultura francesa. Se diría que fantasea, incluso en el sentido erótico de la palabra, con ese apocalipsis. ¿Desea que ocurra? No, no es algo que desee, pero me parece interesante plantearlo. Comparto algunas de las preocupaciones de la ciencia-ficción. Podemos imaginar que otras especies, ya sean animales o extraterrestres, retomen el papel que ha tenido el hombre hasta ahora. Podemos imaginar a pulpos inteligentes.
¿Lo que dice es que el ser humano tampoco ha sido para tanto? No, tampoco diría eso, porque ha tenido una capacidad de transformación que las otras especies no han poseído. No me parece una especie nefasta. La producción intelectual del hombre ha sido impresionante, igual que la tecnológica.
Es curioso, porque en La posibilidad de una isla decía que los siglos de arte y filosofía no servirían de nada, porque en el futuro solo se recordarán las innovaciones tecnológicas. ¿Para qué sirve, entonces, escribir? No sé qué me hizo escribir eso. Debió de coincidir con un periodo de depresión. Yo me dirijo a quienes están vivos. Mientras la humanidad subsista, escribir seguirá teniendo un mínimo sentido.
En El mapa y el territorio se mostraba muy crítico con el arte contemporáneo. ¿Ha cambiado de opinión, ahora que usted también es artista? No todo el arte contemporáneo me disgusta. No me gusta la tendencia a hacer dialogar las épocas, a buscar la contemporaneidad en los siglos pasados. Y tampoco me convence ese arte en el que la explicación es más importante que la obra en sí, como fue el caso en épocas más conceptuales que la actual. Recuerdo una obra de Joseph Beuys que me gustó bastante hasta que leí la explicación: todos los objetos que presentaba fueron fabricados el año de la publicación de El capital, de Marx. A menudo encuentro que esas explicaciones teóricas son un poco ridículas.
En el catálogo de la muestra afirma que con sus imágenes aspira a despertar a sus visitantes, “a provocar colisiones que les hagan salir de su zona de confort”. ¿El papel del artista consiste en provocar ese tipo de choques? Sí, sí. No tengo nada en contra del confort, pero creo que hay que saber interrumpirlo con sobresaltos. La vida es así, y creo que el arte debe parecérsele.
En ese sentido, ¿acepta que le llamen enfant terrible, provocador y pirómano? No creo que sea exactamente eso. Es más bien que, como fan del rock, soy partidario de cierta agitación nerviosa. Le pondré un ejemplo: a mí no me gusta nada Bach. Prefiero a Beethoven, Schubert o la música romántica. En eso consiste la provocación para mí: en suscitar una agitación nerviosa. Es algo que sienta bien. Que te sacudan un poco siempre es bueno. Las emociones fuertes sientan bien.
¿Incluso cuando son devastadoras? Sí, en el fondo es mejor vivirlas… No soy partidario de la calma.
Creía que vivía apartado, en el extranjero y lejos del circuito literario, para encontrar esa calma… Soy muy poco tranquilo. Es mejor que viva rodeado de cierta calma, porque mi cerebro es cualquier cosa menos tranquilo.
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En sus fotografías casi solo aparecen mujeres. Es como si dijera que solo ellas lograrán sobrevivir al apocalipsis. ¿No era usted misógino? No creo ser misógino. Los personajes femeninos de mis libros ni están maltratados ni son inferiores. Nunca he entendido esas acusaciones. Entendería que me llamaran machista, pero misógino no.
¿Qué diferencia a un machista de un misógino? Un machista es un hombre al que le gusta que las mujeres sobreactúen en su papel [el que se les ha asignado tradicionalmente]. Un misógino es un tipo que desprecia ese papel. No es mi caso. A mí sí me gusta ese papel, porque hace que la vida se vuelva más interesante. Entre otras cosas, porque erotiza las relaciones entre hombres y mujeres.
En las relaciones de igualdad, ¿el erotismo desaparece? No tener géneros marcadamente definidos hace que la vida se vuelva más aburrida. Yo pienso lo mismo que dice Milan Kundera [en El libro de la risa y el olvido]. Cuando una mujer llora durante una pelea, el misógino se enfada, porque lo considera la prueba de que son seres inferiores y deshonestos. El machista, en cambio, se enternece. Desde ese punto de vista, soy más bien machista.
“LA PROVOCACIÓN CONSISTE PARA MÍ EN SUSCITAR UNA AGITACIÓN NERVIOSA. ES ALGO QUE SIENTA BIEN. QUE TE SACUDAN UN POCO SIEMPRE ES BUENO”
Pero ese papel, por utilizar su término, también predetermina la carrera profesional de una mujer, la recluye en el hogar, limita su capacidad de decisión… No se puede hacer todo. Sobreactuar en ese papel tiene un impacto negativo en la carrera profesional de una mujer. Pero me parece una cuestión de civilización. De hecho, no está claro que Occidente sobreviva al acceso de las mujeres al mercado laboral.
Si lo dice por la natalidad, no siempre es así. En Francia, por ejemplo, es altísima: 2,01 hijos por mujer en edad fértil. Es verdad, pero es una excepción en toda Europa, junto con Irlanda. En Irlanda se puede explicar por el peso del catolicismo, pero en Francia, que fue el primer país ateo del continente… No tiene sentido que los franceses, que son extremadamente depresivos, sean los que más procreen. Somos un país incomprensible.
Ha dicho que vive cerca de la autopista que comunica París con el suroeste de Francia para poder escapar “si se declara una guerra civil”. Deduzco que no lo dice en broma… No, lo pienso muy en serio.
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Houellebecq, con su fallecido perro Clément, en una de las fotos de la muestra. 
Si llegara esa guerra, ¿quién se enfrentaría a quién? El objetivo de los islamistas radicales es provocar una reacción a sus actos. Quieren que haya atentados contra las mezquitas y otros centros musulmanes para provocar una guerra civil que enfrente al islam con el resto de la población.
Tras los ataques terroristas en París el 13-N [que dejaron 137 muertos] no se produjo nada parecido. ¿Qué le hace creer que acabará teniendo lugar? Pues que lo volverán a intentar, hasta que tal vez termine por funcionar. Por otra parte, existen otros elementos más confusos, pero peligrosos. Si la izquierda gana las presidenciales de 2017, el resultado puede ser dramático, porque este país es aritméticamente de derechas, todavía más que hace cinco años. El nuestro es un régimen pensado para dos partidos. La irrupción del Frente Nacional ha hecho que el sistema deje de funcionar. Yo prefiero que gobierne un presidente de derechas, pero es posible que la izquierda vuelva a ganar. Será malsano y podría provocar fenómenos desagradables…
¿A qué se refiere? El resultado de la reelección de François Hollande será una ola de emigración. En España están acostumbrados, pero los franceses son más hogareños. La gente escapará, por desacuerdos políticos y por la sensación de que el país está jodido. Vivimos en un clima siniestro.