“(…) Chéri, mon amour absolu, mon enfant adoré, il n’y a pas de mots pour te dire mon amour. Je suis encore trop près de toi pour les mots. J’ai ta tête sur mon épaule, tes yeux avec leur regard qui n’en finit pas, et leurs larmes. Tu es beau, je t’aime à mort. Je suis encore toute [illisible]. Je ne me sens ni arrivée ni partie, je ne sais pas où je suis, je ne suis nulle part. En tout cas, pas loin de toi, ça, c’est impossible. Je ne sais pas comment le dire : je n’ai pas encore réussi à être séparée de toi. Je sais que ça m’arrivera ce soir, ou demain, quand je serai tout à fait réveillée et que le temps se mettra de nouveau à couler. Depuis hier, je suis vraiment hors du temps, je te parle, je te parle, je te couvre de baisers, j’ai ton visage et ta voix comme si je venais juste de fermer les yeux à côté de toi, toute prête à les rouvrir dans cinq minutes. Mon amour, je ne savais pas que ça pouvait être comme ça l’amour. Sartre, je l’ai aimé, certes, mais sans vraie réciprocité ; et sans que nos corps y soient pour rien. Algren, ça m’a bouleversée qu’il m’aime et moi je l’ai beaucoup aimé aussi ; mais surtout à travers l’amour qu’il avait pour moi, et sans vraie intimité et sans jamais lui être donnée au-dedans de moi. Oui, mon enfant chéri, tu es mon premier amour absolu, celui qu’on ne connaît qu’une fois ou jamais. Je ne pensais pas prononcer jamais ce mot qui me vient si naturellement devant toi : je t’adore. Cet élan, mon amour, de tout moi vers tout de toi : je t’adore, corps et âme, de tout mon corps et de toute mon âme. Et chaque fois qu’il y a quelque chose de neuf en toi, c’est une nouvelle adoration. Mon petit, mon petit, ne sois pas triste. Tu es mon destin, mon éternité, ma vie, ma joie, le sel et la lumière de la terre. Je me jette dans tes bras et j’y reste sans fin. Je suis ta femme, à jamais.”
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